Football Manager prend le relais du National
Dans le réel, la 3e division française est à l’arrêt depuis le 12 mars et la propagation du coronavirus. Mais le jeu Football Manager, très addictif, réunit les clubs dans un championnat virtuel (renommé eNational) qui en assure la continuité. Voici comment.
Football Manager, c’est quoi ?
Ad-di-ctif ! C’est le résumé de ce que Football Manager génère sur les consciences ! Le jeu, à l’origine d’une trentaine de divorces au Royaume-Uni ( !), tranche avec les simulations de type Fifa. Pas de manette, pas de prise en charge « directe ». Simplement une énorme base de données compilant un nombre hallucinant de joueurs, sur une palette étendue de championnats (de la Ligue 1 à la D2 malaisienne !), un patch permettant même de présider aux destinées des clubs… de Régional 3 !
L’objectif ? Endosser les habits de l’entraîneur en chef, gérer les affaires courantes (recrutement, budget…), driver l’équipe de son choix lors de matches réels, en 2D ou 3D. Le plus jouissif ? S’infliger un chemin de croix avec une équipe des bas-fonds, la conduire jusqu’aux sommets. Chronophage et « divorçovore » !
Le carton du e-sport est décuplé depuis l’émancipation du Covid-19. Mieux encore : Football Manager se présente tel un substitut du championnat de National, interrompu le 12 mars. Le 3e niveau français a trouvé un prolongement virtuel via « FM », dans le sillage de chargés de communication soucieux de faire vivre leurs réseaux sociaux.
L’initiative provient de Thomas Hernu. « Dès les premières mesures, j’ai commencé à me demander ce que j’allais pouvoir raconter à ma communauté », raconte le chargé de communication de Lyon-Duchère, rejoint par son homologue du Red Star. Les quatre formations de l’Ouest (Cholet, Laval, Avranches et Concarneau) ont suivi.
Qui joue ?
Le chargé du recrutement de Dunkerque, le responsable commercial de Concarneau, le manager général du Puy… L’US Avranches, elle, dispose d’une grosse pointure, en la personne de Nicolas Martin (alias « Mac »), le champion de France 2019 d’un jeu qui peine encore à développer son contingent de joueurs pros. « Derrière tout cela, il y a la volonté de faire connaître un championnat méconnu, présente Manon Puloch, l’attachée de presse de l’US Concarneau. Que ce soit pour le public ou les acteurs du National. Entre responsables de comm’, on a la chance de se voir en séminaires plusieurs fois par saison. C’est ce qui nous a permis de mettre debout ce championnat. »
Et de l’organiser comme s’il était en chair et en os : les classements (général, buteur, passeur) mis en ligne réutilisent la charte graphique de la fédération française de football. On s’y croirait.
Le virtuel rejoint-il le réel ?
La logique sportive dessinée après 25 journées de championnat rejoint-elle celle, virtuelle, se dégageant des affrontements dématérialisés ? Oui et non. Exemple : Pau, le leader du « vrai » championnat (surpris hier par… Concarneau, vainqueur 1-0), est contesté par un Red Star aux allures de trouble-fête.